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Billy Sheehan in French

 

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Le vrai "Mr Big" montre qu'il est capable de tout faire! 

 

Nous avons l'habitude, chez Global Bass, de dire à l'artiste que nous interviewons que si nous abordons un sujet qu'il vaudrait mieux éviter, ou qu'il ne veut pas voir s'ébruiter, il lui suffit de le dire. Lorsque j'ai expliqué cela à Billy Sheehan, il m'a répondu: "Dans la vie, je ne cache jamais rien". 

Alors valait-il tout aussi bien commencer par ce qui avec quelqu'un d'autre aurait été quelque peu délicat: Mr. Big. Le fait est qu'ils ont laissé tomber celui qui avait au début formé le groupe. 

Billy Sheehan: "Oui, ils m'ont rappelé puis viré! Je pense qu'ils ont cru pouvoir s'emparer du groupe et continuer ainsi, le cœur léger. Puis ils ont appris que leur agent au Japon avait annulé leur tournée. Il a dit qu'il refusait de faire la tournée si je ne faisais pas partie du groupe. 

Ils m'ont rappelé et réengagé. Je leur ai alors dit :" Vous savez, je suis vraiment heureux de faire une dernière tournée au Japon parce que les fans ont été géniaux avec nous. Mais je ne réintègre pas le groupe et à la fin de la tournée ce sera la fin du groupe. J'ai travaillé durant douze ans pour ce groupe et vous ne pouvez pas me le prendre. Si vous voulez fonder votre propre groupe, allez-y. 

GB: De toute façon, tout le monde a toujours su que Mr Big était d'abord et avant tout un mode d'expression pour Billy Sheehan.

 

 

Billy: J'ai toujours essayé d'être équitable et de faire de chacun un membre à part entière du groupe. Qu'ils ne viennent pas ensuite me le voler, et redistribuer les cartes à leur avantage. Ce n'est pas honnête, ce n'est pas juste. 

GB: C'est difficile quand un groupe ne marche pas un jour sur deux, que ce soit en tant que dictature ou en tant que démocratie. 

Billy: C'est vrai et je pense que si les gens se respectent mutuellement, tout peut marcher. On peut fonctionner en monarchie, en dictature ou en démocratie. Toutes ces solutions sont efficaces si les gens se respectent. Mais si cela s'effondre, plus rien ne marche, quels que soient les efforts entrepris. 

GB: Ca aide aussi de jouer cartes sur table dès le début d'un projet, pour que la façon dont il se monte soit claire pour tous. Il suffit de quelques "Je savais pas!" pour tout ruiner. De cette façon chacun sait à quoi s'attendre et ce qu'il peut exiger. Mais être lâché par les personnes que l'on a choisi, c'est comme trouver son meilleur ami au lit avec sa femme. 

Billy: C'est une image que j'ai déjà utilisée plusieurs fois. C'est pour cela que je ne peux plus réintégrer le groupe. Cela se finira sans doute bien, mais il est hors de question que j'en refasse partie. 

GB: C'est bon d'entendre que tu as définitivement clarifié tout cela. D'ailleurs, d'après ce que j'ai lu de toi, tu respectes des règles de conduite, une certaine discipline. 

Billy:Oui. Je n'y parviens pas toujours, mais j'essaie. 

GB: Aucun être humain n'est infaillible, c'est notre part bestiale, je pense! 

Billy: "bête" est bien choisi. 

 

GB: En ce qui concerne NIACIN, Dennis et John sont actuellement très impliqués dans d'autres choses… 

Billy: Niacin est un projet pour lequel on se réunit assez irrégulièrement. Ce n'est le projet principal d'aucun d'entre nous, car Dennis est toujours sollicité, toujours en train de jouer avec un million de gens différents, et John fait toujours plein de trucs de son coté. Je suis moi aussi toujours débordé, mais quand on parvient à se réunir, c'est le pied! 

GB: Un peu comme des vacances? 

Billy: Oh, c'est incroyable. Jouer avec Dennis a changé ma vie. 

GB: Cela fait longtemps que tu désirais travailler avec ce son classique de Hammond B3. 

Billy: J'ai été un grand fan du B3 dès le début, avec des groupes comme les Young Rascals, Vanilla Fudge et d'autres. 

GB: C'est malgré tout toujours une sacrée galère de balader ce monstre d'instrument! 

Billy: En fait, il existe grâce à la technologie l'alternative du B4, la version informatique du B3, qui est étonnante. On a juste besoin d'un clavier et d'un ordinateur portable. 

GB: Es-tu toujours porte-parole de NarcOnon? (Organisme créé par la Scientologie pour "aider" les drogués). 

Billy: Oui, j'anime des séminaires dans le monde entier. Je suis vraiment contre les drogues. Je n'ai même pas pris une aspirine depuis 1971! Il y a tant de gens qui finissent misérablement à cause des produits et de tout ce qui s'ensuit. Je ne veux pas sermonner les gens mais l'observation m'a appris que ce n'est pas la bonne voie à suivre. Si je peux remettre juste une seule personne dans le droit chemin, j'en suis heureux. 

GB: C'est toujours ce problème du libre arbitre, ces gens ont le droit de détruire leur corps s'ils le veulent! 

Billy: Oui, c'est vrai, on a tout à fait le droit d'être un imbécile et de tout foutre en l'air. 

GB: Tu as déjà parlé de certains bassistes qui ont été tes élèves, qui sont très accomplis dans ce qu'ils ont joué durant des années, mais qui sont littéralement mauvais dans d'autres domaines, surtout s'il est important pour eux d'apparaître comme le bassiste technique juste durant deux ou trois ans. 

Billy: Je pense qu'être un technicien de devrait jamais être un but. L'objectif devrait être plus large et plus axé vers la communion avec le public, plutôt que de tenter d'être le gars le plus rapide du quartier. Ce n'est pas très utile. Passe encore si c'est la seule chose qui les intéresse, mais appeler cela de la "musique" est à mon sens une erreur. 

GB: Quand tu as commencé, as-tu eu à te forcer ainsi pour parvenir à faire ce que tu voulais? 

Billy: Non, car toute la vitesse et les techniques que j'ai ajoutées dans mon jeu sont apparues naturellement. Ce n'était pas un objectif en soi. J'ai exploré à fond toutes les possibilités sans jamais faire attention à ce qui se passait. Ce n'est qu'ensuite, quand des gens ont observé ce que je faisais et y ont collé des étiquettes qu'on m'a qualifié de  "rapide" ou "technique", ou tout autre nom qu'ils voulaient me donner, en bien ou en mal. Mais mon seul but était de jouer la musique que je voulais de la façon dont je voulais l'entendre et de toucher le public. 

GB: En fait, la technique n'est qu'une conséquence du morceau. 

Billy: Oui, et je me dis parfois qu'il y a plus que le morceau. C'est tout un ensemble, tout un tas de trucs. C'est la personnalité du musicien, l'état d'esprit du musicien, la façon dont il ressent le morceau, c'est aussi le morceau, mais c'est aussi ses capacités techniques. C'est une erreur de vouloir isoler ces éléments les uns des autres.

Certaines chansons qu'a écrit Hendrix, faites par quelqu'un d'autre auraient sans doute été considérées comme médiocres ou carrément mauvaises. Mais ça marchait parce que Jimmy jouait comme il jouait, chantait comme il chantait, avait sa personnalité, son look…Quand j'entends LITTLE WINGS, je décolle, c'est fou! Mais s quelqu'un d'autre l'avait écrit, cela aurait très bien pu ne pas marcher. 

GB:Beaucoup de gens se sont compliqué la vie la vie avec cette chanson et pas un ne l'a possédée comme lui. 

Billy: Si Van Halen avait été différent, je ne sais même pas si ça aurait marché. Tout l'univers, l'esprit d'ensemble du groupe et la facilité à jouer, tout cela, et même les spectateurs, était en harmonie. 

GB: Tu conseilles aux gens d'éteindre la télé, et de vivre leur vie! 

Billy: En effet, je n'adore pas la télévision. Ca peut vider ta vie. Ca retire vraiment les gens de la vraie vie. Je préfère de loin aller me balader, entrer dans un café et discuter avec quelqu'un. L'information que donne la télé est totalement déformée et plutôt faite pour diriger les esprits dans un sens ou dans l'autre que pour donner simplement de l'information. 

GB: Avec la focalisation des médias sur les attentats du 11 Septembre, beaucoup de gens de ma connaissance qui regardent la télévision sont coincés dans une grande détresse. Penses-tu que les média participent à cette angoisse? 

Billy: Les média travaillent autant qu'ils le peuvent pour occuper au maximum ceux qui les consomment. Ce qu'il y a de drôle avec les média, c'est que l'on peut prendre n'importe quel clampin au hasard dans la rue, le faire passer à la télévision et lui faire donner son opinion. Pour les sondages ou les études de marché par exemple, on ne sait pas qui est sondé. 

GB: Tu veux dire qu'on ignore leur niveau d'études, leur niveau social, leur capacité à réfléchir? 

Billy: Connaissent-ils quelque chose à ce sur quoi on les interroge? Peut-être même faudrait-il un permis pour participer! (rires) Il faut avoir des connaissances à propos des choses sur lesquelles on se prononce avant de pouvoir choisir. J'ai lu il y a peu un livre de Willy Durant, c'est un philosophe du XXème siècle et le livre s'intitule "l'histoire de la philosophie", dont il détaille les débuts dans le monde occidental.

Il dit que dans la civilisation Grecque, où le concept de démocratie a pris naissance, bien des gens étaient conscients qu'elle risquait de devenir ce qu'elle est effectivement devenue. Dans des écrits datant de plusieurs siècles se lit déjà la peur de ce qui se passe exactement aujourd'hui, où les élections sont devenues des concours de popularité, et ou quelqu'un qui n'est pas qualifié pour avoir un avis peut avoir un avis influent! Je ne veux pas faire taire qui que ce soit, car lorsque l'on parle de faire ou de faire faire quelque chose, chacun a le droit de faire valoir son opinion. Mais il ne faut pas que l'opinion d'un seul devienne une réalité pour tous. 

GB: Certes, mais on aura beau tenter de chasser la télévision de sa vie, on sera toujours influencé par le monde extérieur. 

Billy: Bien sur! C'est même souhaitable, mon projet est d'entendre ce que chacun a à dire. Mais ce n'est pas pour autant que je vais suivre aveuglément l'opinion de quelqu'un d'autre, surtout si j'ignore d'ou il tire ses informations. Je ne pense pas que les grands journaux télévisés ou les trois chaînes principales s'approchent de la vérité sur aucun point précis. 

 

GB: Dans un registre plus léger, et pour en revenir à la musique… Le monde de l'endorsement… tente-t-on toujours de te "charmer"? 

Billy: Non, car je suis lié avec les mêmes personnes depuis un grand nombre d'années, et les autres marques savent que je suis avec cette compagnie ou cette autre. Ils savent que je suis fidèle, et que je ne change pas mon fusil d'épaule, juste pour être un collectionneur de matos. Je connais des musiciens qui le font, qui sautent d'une marque à une autre, puis encore à une autre, juste pour voir combien de matériel ils peuvent entasser dans leur garage et qui ensuite organisent une vente tous le trois ou quatre ans. Je suis lié à Yamaha depuis 14 ans. 

GB: Ce qui est particulier, c'est que l'on trouve dans les magasins des basses à 5, 10 ou 20 mille dollars (5450,10900 et 21000 €), auxquelles il manque juste de savoir faire le café. Mais toi, tu joues toujours sur une "simple" quatre cordes. 

Billy:Oui, ,une basse simple, parce que à mon sens, quand une basse devient complexe, avec plein de boutons, le musicien va regarder tout cela et se demander: "bon alors, qu'est-ce qui va se passer si je change la phase de l'un de mes micros et que j'augmente les médiums, qu'est ce que cela va changer, musicalement?". Je peux comprendre que l'on veuille obtenir le son exact que l'on a en tête, mais cela vient plus des mains que de l'électronique.

Mais ce n'est que mon point de vue. Pour certains, avoir une basse avec un million de sons, plein de potars… C'est leur art, donc j'adhère à cela. En ce qui me concerne, je n'aime pas être distrait par les boutons. 

GB: donc pour toi, la Yamaha fonctionne… 

Billy: C'est un outil. Parfois la simplicité aide, elle te permet de te concentrer sur autre chose. 

GB: Le son de basse que tu utilises est différent de celui choisi par bien des bassistes, avec plein d'aigus, peu de médiums et des charretées de graves. Apparemment, tu préfères avoir peu d'aigus, et des médiums plus prononcés, ainsi que les basses. C'est ton univers depuis longtemps. 

Billy: C'est comme ça que j'entends le mieux les notes. J'aime que les autres fréquences soient utilisées par d'autres instruments, comme les cymbales, les guitares et la voix. J'aime quand la basse sonne comme elle sonne quand elle n'est pas amplifiée. Mon plus gros problème est que quand je branche une basse dans un ampli, le son est totalement différent de celui que j'obtiens lorsque je joue simplement avec la basse sur les genoux.

Je préfère avoir le son que j'obtiens quand je joue juste avec la basse dans une pièce tranquille, là ou je peux entendre chaque petite note sans être branché. Avec mon équipement, les réglages de la basse et du matériel, j'essaie de reproduire le son que j'ai quand je joue dans une petite pièce tranquille.

Ainsi, je peux vraiment tout entendre avec cette configuration. Donc quand je joue fort, j'entends toutes les petites nuances et toutes les harmoniques. La compression et les fréquences moyennes sont très importantes pour moi. Quand on branche une basse, on n'entend que le micro. On a donc un rendu dynamique totalement différent de ce que l'on a normalement. Les sons forts sont bien trop forts et les sons faibles sont bien trop faibles. J'ai l'impression que quand on branche une basse normale dans un ampli normal, les cordes s'éloignent soudain du manche de 5 centimètres. Ça devient beaucoup plus difficile de jouer qu'en temps normal. 

GB: As-tu remarqué que la première chose qu'un vendeur essaie de faire quand tu essaies une basse, c'est de la brancher dans un ampli? 

Billy: Oui, laissez-moi donc voir ce que vaut la basse par elle-même! L'ampli, c'est une autre histoire. 

GB: A la poursuite de ce "son naturel", ne t'es-tu jamais tourné vers les basses acoustiques? 

Billy: Pas nécessairement. J'en ai deux, dont la Taylor, un bon instrument. Mais à nouveau, c'est une autre histoire. Une basse acoustique est très différente d'une solidbody quand on l'écoute sans ampli. Tout changement de basse change tout. Tout cela s'ajoute, se multiplie. 

GB: Est-ce que tes modèles Yamaha sont spécialement préparées pour toi? 

Billy: La basse avec laquelle je joue est exactement la même que celle qui se trouve dans n'importe quel magasin de musique. 

GB: C'est assez inhabituel! 

Billy: C'était une exigence commune avec Yamaha quand nous avons conçu cette basse. Je veux pouvoir entrer dans un magasin, en décrocher une du mur et me sentir exactement comme avec celle avec laquelle je joue. Je me suis dit qu'il était malhonnête d'avoir une version avec un superbe corps en érable pommelé, avec une électronique particulière, et ainsi de suite. Parce qu'ensuite, le petit gars qui va dépenser ses économies durement gagnées n'a qu'une pale copie. Je voulais que ce soit exactement la basse avec laquelle je joue. 

GB: Est-ce une basse légère? 

Billy: Pas vraiment, car il y a un micro manche en plus. Quand je joue HF, je dois utiliser deux ensembles HF, et donc l'ensemble est assez lourd. C'est une basse assez "virile". Elle a un manche fin et est pensée pour être un outil efficace et solide. Je l'ai faite tomber, elle est tombée de haut, elle a été éjectée d'un camion par accident, et elle est toujours là. Il est important que ce soit un outil, de ne pas avoir à la choyer, de s'inquiéter pour elle, que ce soit un truc bien solide. 

GB: Un autre avantage de cette vision est de s'en sortir quand quelqu'un vole la basse, et cela arrive quelquefois en tournée. 

Billy: C'est une autre raison qui fait que ces basses sont standard: si j'en perds une je veux pouvoir la remplacer. 

GB: Sans avoir à réunir un conseil de guerre! En emportes-tu beaucoup avec toi sur la route? 

Billy: Juste trois. 

GB: C'est intéressant, je connais de joueurs qui se déplacent avec trente basses… 

Billy: Pour quoi faire? Et pareil pour ces gens qui changent d'instrument au milieu du set, à quoi ça sert? 

GB: Oui, as-tu déjà entendu une différence? 

Billy: Je n'ai jamais entendu la moindre différence (rires). Alors pourquoi changer? Je me suis régalé sur une basse, pourquoi devrais-je soudain faire une pause et changer d'instrument? Ma basse ne se désaccorde jamais réellement. Quand je l'accorde, je tends bien les cordes, je les fixe parfaitement, et il m'est arrivé que des gens viennent me voir après le concert qui ne pouvaient pas croire que je n'aie pas réaccordé ma basse. 

GB: Vu ce que tu fais aux cordes et à la basse, c'est incroyable! 

Billy: Tordre le manche, la faire tourner, tournoyer en l'air, plier les cordes, appuyer sur les cordes entre le sillet et les mécaniques, tout ça? Si l'on tends bien les cordes et qu l'on prépare bien la basse, elle ne devrait pas se désaccorder.

Il me semble que les gens sont trop attentionnés envers leurs basses. Ils les bichonnent, ils en ont un peu peur. Ils devraient être capables d'assommer ce truc, de le faire fonctionner, de la faire parler! C'est vous le maître! Soyez le Maître! La basse est l'instrument. 

GB: "COMPRESSION" est toujours vu comme ton premier album solo. Mais puisque tu as toujours joué à ta façon, en suivant ta voie, on pourrait penser que chaque album auquel tu as participé est en quelque sorte un album solo, et plus particulièrement ceux ou tu n'est pas qu'un accompagnateur (David Lee Roth et autres). 

Billy: On pourrait le croire, mais j'ai toujours travaillé avec d'autres pour que le groupe fonctionne réellement comme un groupe. COMPRESSION était bien plus personnel. J'ai écrit les paroles, j'ai chanté et joué les parties de guitare. 

GB: C'est une plus grande part du travail que ce que je pensais. Ayant lu que Steve Vai et Terry Bozio apparaissaient sur ce disque, je les pensais plus impliqués. Ta part était donc bien plus grande. 

Billy: En effet, je voulais les employer au minimum pour que ce disque soit mon disque. Ce qu'ils ont apporté est incroyable, mais je ne voulais pas avoir tous un tas d'invités. Je ne voulais pas perdre mon identité en ayant plein de gens différents sur cet album. J'ai donc pensé prendre quelques personnes pour faire quelques apparitions, et j'ai choisi deux personnes spéciales et uniques, Steve Vai et Terry Bozio, pour me rejoindre sur ce projet. Et je m'en suis tenu là. 

GB: Et donc  toutes les parties de batterie sur ce disque sont des programmations. As-tu toujours été attiré par les percussions? 

Billy: Je suis un fan de batterie depuis bien longtemps! 

GB: Cela a du t'aider à faire ces programmations, à choisir les bons plans, les bonnes lignes de chant, les bons arrangements. 

Billy: Oui, j'ai d'ailleurs programmé quelques lignes de batterie pour Niacin. Je me souviens d'avoir proposé à Dennis quelques lignes de programmation, et il n'y a en pas une qu'il n'ait améliorée! Deux ou trois choses le faisaient penser à une autre ligne. 

GB: Une approche qu'un batteur normal n'aurait pas eue. 

Billy: Exactement! J'ai déjà composé des lignes de batterie à la "batteur-claquettes", que je joue avec mes mains et mes pieds. Si je dis à un batteur: "joue-le!", neuf sur dix en sont incapables. J'essaie de programmer mon séquenceur comme un vrai batteur. Ca a été la partie la plus pénible, celle qui a pris le plus de temps. Je voulais vraiment que cela sonne comme si un vrai batteur l'avait fait. Il était parfois nécessaire d'en faire bien plus que ce qu'un batteur normal aurait pu faire, pour avoir la sensation qu'une boite à rythmes s'ajoute au batteur.

J'ai passé beaucoup de temps dans la salle de contrôle du studio, à écouter un set de batterie, et le son ma paraissait froid. Je voulais être aussi impressionné par ce séquenceur que je peux l'être quand j'écoute un batteur qui se surpasse sur scène. J'ai donc fait faire quelque sons en plus, notamment de caisse claire, quelques rythmes et boucles et d'autres petites choses, pour donner plus l'impression d'une musique qui évolue au cours du morceau. 

GB: Est-tu un créateur prolifique, penses-tu constamment à la musique? 

Billy: C'est à peu près tout ce que je fais, je suis quasiment toujours en train de jouer. Il y a dans ma chambre un prototype de basse Yamaha que je suis en train de développer, une Yamaha 12 cordes, à l'étage dans le patio il y a une basse avec laquelle je joue en extérieur, tout un tas d'instruments dans le salon, et un grand nombre en bas, dans mon studio, il y en a toujours dans toute la maison. J'y passe mon temps! 

GB: As-tu déjà été attiré par les 5, 6 voire 7-cordes? 

Billy: J'ai fait une série de conférences au Japon et en Chine. C'était vraiment bien. Les gars étaient abasourdis quand j'ai dit qu'il me restait beaucoup à apprendre. Ils m'ont dit "Comment, mais tu ne sais pas tout ce qu'il y a à savoir?". Et d'un grand éclat de rire, je leur ai dit "Vous rigolez?". Il y a encore tant de choses qui restent à faire. Selon moi, il me reste encore beaucoup à faire sur une quatre cordes, donc je ne m'aventure pas encore vers d'autres horizons. J'ai encore du boulot. 

GB: Souvent quand un artiste s'attaque à son premier album solo, rien d'autre que lui ne compte. L'exemple parfait est celui des morceaux qui ne sont que des supports pour les soli de basse. Toi en revanche, tu as plus fait une série de chansons. Bien sur la basse est toujours omniprésente, mais ce n'est pas ta seule approche. 

Billy: En fait, je voulais faire deux disques, un comme celui-ci, et un purement de basse, où je me défoulerais. J'étais excité à l'idée de faire un album "normal", où je jouerais et chanterais des chansons "normales", comme dans un groupe. Mais le prochain album sera juste de la basse psychotique. 

GB: Ce n'est pas celui avec juste toi et Terray (Bozzio) 

Billy: Non, c'en est encore un autre. 

GB: Est-ce qu'il t'arrive de t'arrêter cinq minutes?! 

Billy: Eh bien, dès que j'aurai fini ces projets, je me consacrerai juste à une ou deux autres choses (rires). 

GB: J'ai une amie en Suède qui fait partie de quatre groupes différents en même temps. Je lui ai demandé pourquoi elle ne trouvait pas un groupe qui fonctionne vraiment bien. Elle m'a répondu qu'un des avantages de sa situation est qu'elle pratique beaucoup de morceaux, tous dans des styles différents. 

Billy: En effet, c'est parfait! Il est bon pour un musicien de connaître beaucoup de morceaux. C'est la meilleure des choses. Il ne faut pas oublier que les Beatles ont débuté en faisant des reprises. 

GB: As-tu déjà pensé à faire un duo avec un autre bassiste? Et si oui, avec qui? 

Billy: J'adorerais faire quelque chose avec un autre bassiste. Avec entre autres tous mes héros, Tim Bogert, John Entwistle, Jack Bruce, Oteil Burbidge, Steve Bailey, et la liste est encore longue. Stanley Clarke aussi, j'adorerais faire quelque chose avec Stanley un de ces jours, ce serait génial. 

GB: C'est là que l'on se dit que les humains ne vivent pas assez longtemps, au mieux un siècle, et le plus souvent 70 ans ou à peu près. 

Billy: Oui, ce n'est pas drôle, c'est vraiment un voyage trop court. 

GB: Pas assez de temps donc pour faire tous les albums que tu voudrais faire.

Une petite question méchante de derrière les fagots: dans la ballade "Caroline" de ce nouvel album, y a t-il une référence intentionnelle à "Black Magic Woman", de Santana? 

Billy: En fait, au début, elle faisait référence à "I'm not in love" de 10CC's. Il existe trois ou quatre autres morceaux qui contiennent aussi cette ligne. Ce que je n'ai volontairement pas évité sur cet album, c'est de faire référence aux chansons que j'aime. Je ne les pille pas, j'en emploie juste des parties. Beaucoup de gens le nient, mais je me suis dit que j'allais le revendiquer. 

GB:Je me souviens que quelqu'un m'a dit un jour que le solo principal de "Sunshine of Your love", de Cream, était aussi la ligne mélodique de "Blue Moon". 

Billy: Oh, Génial! (rires) Tu m'as eu sur ce coup-là, je pensais les connaître tous! C'est un bon plan, je connais ce solo par cœur. Je n'avais pas écouté Disraeli Gears pendant  15 ans, mais quand je l'ai réentendu en 1988, je connaissais chaque note de chaque morceau par cœur, parce que j'avais l'habitude de m'asseoir et d'écouter ce disque encore et encore! Je dois l'avoir écouté près de 500 fois. 

Gb: Tiens, une autre bonne petite question: "Comment fais-tu pour ne pas être narcissique?" Bien des gens le deviennent à force d'entendre combien ils sont géniaux. 

Billy: (rires) Parce que je ne pense pas cela du tout. Je sais que je suis nul sur certaines choses! Je suis très conscient de cela, et donc si quelqu'un voulait m flatter en me disant: "Hé, tu es époustouflant, incroyable!", je ne le croirais pas vraiment. Je ne vis pas dans cette illusion, je connais mes faiblesses.

Une autre chose que l'on me demande lors de mes master-classes, c'est "fais-tu des erreurs?". Alors je ris et je dis: "tout le temps, ce n'est qu"une suite d'erreurs. Il faut juste apprendre à s'en tirer, ou les rejouer, ou faire ce qu'il faut pour s'en échapper". C'est sans doute la chose la plus importante quand on apprend à jouer. 

Gb: Il y a un vieux proverbe qui dit "N'oublie jamais que tu n'es jamais à plus d'un de demi-ton de la bonne note". 

Billy: C'est vrai. Je ne me fais pas d'illusions sur l'importance de ce que je fais. Je suis un gars normal qui joue de la basse. J'ai eu de la chance, j'ai beaucoup travaillé. Je n'ai jamais eu de don. 

GB: Tu n'étais pas un gars doué? 

Billy: Non, je ne pense pas. J'étais juste un débrouillard. Je pouvais m'imaginer comment faire en sorte que ça marche. Ce n'est pas venu naturellement, ou sorti comme ça de nulle part. 

Gb: Parlons maintenant de tes croyances. Comme je te l'ai déjà dit, ne réponds que si tu le veux. Suis-je dans le vrai en disant que tu fais partie de l'église de scientologie? 

Billy: Cela fera trente ans cet été. 

Gb: Pourquoi personne ne fait référence au fait que tu sois scientologue? Beaucoup d'artistes de haut niveau subissent un acharnement médiatique à cause de cette appartenance et de leurs croyances. 

Billy: Je ne suis pas un prosélyte. Si j'étais chrétien (et j'ai un grand respect pour cette religion) ou bouddhiste (je respecte de même cette philosophie), je ne serais pas sans cesse en train d'en parler. Je crois que l'on doit tenter d'être le meilleur exemple possible. Évidemment, si quelqu'un s'intéresse à ce dans quoi je suis engagé, je serais heureux de lui en parler. Mais il est très important que chacun trouve sa voie par lui-même. 

GB: est-ce que tes années passées an tant que scientologue t'on aidé dans ton jeu, en développant ta créativité et ta sensibilité? 

Billy: Beaucoup! Cela m'a aidé dans ma vie. Si ma vie n'était pas en ordre, il m'était difficile de jouer sur scène ou en studio. Cela m'a permis de tout faire fonctionner. Cela a conservé mon courage, mon enthousiasme et mon intérêt pour la vie, ainsi que mon intérêt pour les autres. Je fais des conférences autour du monde et je suis heureux d'aider de jeunes musiciens, de les aider à avancer dans une bonne voie, à réussir et à aimer ce qu'ils font pour réaliser leurs rêves.

Tout cela a beaucoup à voir avec mes expériences avec la scientologie. 

GB: Je demande aux artistes leurs réactions par rapport aux temps troublés que nous connaissons, avec entre autres les attentats du 11 Septembre et d'autres ramifications. Crois-tu que nous soyons dans une période de grands changements? 

Billy: Absolument! J'ai joué en Indonésie et en Malaisie, dans des pays islamiques. Ce sont des peuples merveilleux, chaleureux, amicaux. L'Islam est une religion pacifique et merveilleuse. L'Islam a été détourné par les terroristes. Les média tentent d'attiser le feu en transformant ceci en une guerre de l'Occident contre l'Islam. Et ce n'est pas le cas.

Cela a été une tragédie. Je suis un Américain patriote, généralement avec des opinions Conservatrices. Mais je ne suis pas pour que l'on écrase des gens à coups de missiles. C'est une bonne idée de prendre le problème à la racine. Des criminels ont organisé ceci et ils doivent être remis à la justice.

Il me semble que le monde Islamique doit nous aider, ils doivent prendre des responsabilités pour leur peuple. En tant que blanc, si je connaissais quelqu'un faisant partie du Ku Klux Klan, je ferais tout mon possible pour l'arrêter, pour l'empêcher de faire du mal. Il me fait du mal: si deux noirs se baladent dans la rue, comment peuvent-ils savoir si je fais partie ou non du KKK? Donc ils peuvent s'en prendre à moi. Donc il me menace.

Donc en tant qu'homme blanc, je dois surveiller ma race et m'assurer que nous ne fassions rien de raciste, que nous ne permettons pas que le racisme apparaisse parmi nos frères. Nous devons l'arrêter, l'écraser où qu'il apparaisse. Exactement comme les chrétiens ne devraient pas tolérer les chrétiens haineux qui interprètent mal la Bible, utilisant leur foi dans un but agressif. Le peuple islamique doit faire de même. Ils doivent s'occuper des leurs pour faire cesser cette très grande déviance de leur foi par ceux qui s'en servent pour attaquer d'autres personnes.

Dans chaque groupe, il faut éduquer les siens, ou la communauté sera vue à travers une lentille déformante. En tant qu'observateur, il faut se méfier de la caricature, et en tant qu'observé, il faut être attentif à ce que les personnes de la communauté ne prêtent pas à être caricaturées.

C'est à double tranchant, tout est une question de responsabilité.

 

Les traductions en français sont réalisées par  un homme jeune mais avec une âme sage, Galdric Lopez, qui vit à Perpignan. Galdric s'est  toujours senti bassiste, mais il n'a commencé à jouer que lorsqu'il a été assez vieux. Il a d'abord étudié les rythmes au travers des percussions. Puis il s'est touné vers la basse, pour faire bouger le public par le rythme ET la mélodie. Si vous passez par "le centre du monde" (dixit Dali), tentez donc l'expérience des Capitaine Flem, son groupe de rock-garage.

French translations are brought to you by a young man with an ancient soul, Galdric Lopez, all the way from Perpignan, what Dali refered to as the center of the world.  Galdric has been a bassist all of his life, but he didn't start playing until he was old enough.  He first learned to express his rhythm through drums, congas and other percussion instruments. Then he turned to bass, realizing the desire to move people through melody AND rhythm.  If you ever venture to the "center of the world," look for a band named Captain Flem, classified as a speed-rock band, and feel the experience.  --Photo promised.

 

 

 

                                  

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Last modified: June 16, 2009